Partie 5 : Fin Cela faisait maintenant des heures que je poireautais dans cette salle. J’avais finit par faire apparaitre un lit du mur et dormir dessus quand des bruits de pas me parvinrent. Intriguée, je fonçais vers la porte pour entendre ces bruits passer devant la porte de ma salle et entrer dans une pièce juste à côté. J’aurais juré avoir entendu la voix de la psy et celle du militaire. Cette idée m’agaçait car je ne comprenais pas comment ces deux là auraient pu en venir à se parler… ou sinon c’est que c’était de mon cas qu’ils parlaient... Et là ça m’intéressait. Je toquais donc à la porte et toussait, toussait, tapant de plus en plus violemment.
Le garde finit par entrer et me trouva au sol, continuant de tousser la face contre terre.
- Et *CENSURÉ*…
Le gars me secoua à l’épaule et d’un coup de genoux dans l’estomac je lui coupait le souffle, assez longtemps pour lui mettre un coup sur la nuque et l’évanouir le temps de faire ma petite enquête.
Les portes coulissantes ouvertes, je regardais dans le couloir : rien. Je collais alors mon oreille contre la porte à côté de la mienne et entendis les mêmes voix. Cependant l’isolation ne permettait pas d’entendre ce qu’ils disaient… je repérais alors les visiophones sur le côté des portes. Effleurant le carré, l’accès me fut interdis. Ces ordures m’avaient espionné pendant que je dormais certainement et je n’avais pas le droit d’en faire de même ? Surement pas. Je revins alors sur mes pas et tirait le corps jusqu’au visiophone. Le soulevant comme je pouvais, je fis effleurer la main du garde sur le carré puis le laissait retomber par terre. Au pire un coup de pied et il retournerait dans les vaps.
Le carré se changea en écran et je vis la rousse ainsi que le militaire parler, leurs voix maintenant distinctes. Ils n’auraient pas du se concerter dans une salle d’observation.
- …pense qu’elle savait où il se cachait tout ce temps ! Hurlait le militaire.
- Calmez-vous Roger, ce qui est fait est fait.
La rousse était assise sur la table et faisait coulisser son stylet, semblant lire des pages et des pages. Je me demandais alors si elle n’avait jamais été psychologue : vêtements changés, cheveux en queue de cheval, elle ressemblait maintenant plus à une femme d’affaire qu’à une gentille psychologue. A vrai dire à présent elle me faisait froid dans le dos.
- Alors ? L’homme qui tournait le dos à la caméra. Qu’a-t’elle comprit de tout ça ?
La rousse soupira et l’observa, irritée.
- Tout. Elle a tout comprit et c’est bien ça qui risque de nous poser problème à présent. Elle est assez intelligente pour comprendre que ce n’était ni de l’hypnose ni un béguin passager. C’était peut être une simple adolescente rebelle au départ mais votre erreur en voulant l’éliminer en même temps qu’Erik au lieu de nous le ramener nous vaut maintenant tout ces problèmes. Vous en êtes conscients au moins ?
- Je m’occupe de cette cité. Si vos hommes n’ont pas fait leur travail ça n’est pas mon problème ! Gronda le vieil homme avant de serrer son poing comme s’il voulait lui tordre le cou.
Je me rappelais alors les gardes que l’on n’avait jamais vus et qui étaient passés dans toutes les salles de cours. C’étaient peut être d’eux que l’homme parlait comme lié à la jeune femme.
- Bref, reprit-elle en balayant d’un revers de main son excuse. Si on avait pu la convaincre il n’y aurait pas eu de problèmes mais là…
- Nous ne voulons pas qu’elle en parle autour d’elle, gronda-t-il.
- Je sais, je sais. Mais ça m’étonnerait qu’on arrive à la faire d’un coup passer pour folle, personne n’y croirait… Quant à la droguer, cela ne retarderais que momentanément nos problèmes.
- Sauf qu’on aurait le temps au moins de la faire disparaitre.
La rousse fusilla des yeux le dit Roger.
- Mme Forth, il n’y a pas d’autres moyens de…
- Je ne risquerais pas que quelqu’un d’autre soupçonne quoique ce soit vous m’avez compris ? Feula celle-ci avant de se lever. J’aurais juré que ses yeux pétillaient comme chargés d’électricité et que la main de Roger avait subit un choc ou tremblement.
- Ou… Oui madame.
- J’ai une meilleure idée…
Un gémissement troubla mon écoute et je voyais le soldat commencer à se réveiller. J’allais pour l’assommer quand je vis Roger se diriger vers la sortie sous un signe de Forth. Je m’empressais alors de trainer le soldat devant ma porte et y rentrais précipitamment : je n’aurais pu fuir loin de toute manière. Une fois la porte refermée, les grondements que j’entendis me prévinrent que l’image d’un soldat roupillant au lieu de surveiller ma porte n’avait pas du plaire au militaire. Je souris et alla m’asseoir tranquillement sur une chaise, devinant que j’allais bientôt avoir de la visite.
Mes amis me manquaient. J’aurais bien voulu les voir, Bryan et ses blagues grossières mais sa franchise qui poussait n’importe qui à l’apprécier, Naomi et ses efforts pour paraitre impériale sur toute les coutures, Maël, si timide mais qui par moment était si franche qu’elle aurait coupé le souffle à n’importe qui, Syan, malgré son béguin ignoble pour la blondasse de service… Je crois que je commençais enfin à comprendre que je ne le reverrais surement pas. D’ailleurs quand la Rousse, Mme Forth arriva enfin dans la pièce, son regard me le confirma. Sous ses faux airs et malgré ce que je savais, ce qu’elle allait me dire même si elle mentait à moitié allait aller dans ce sens.
- Bien... le juge a donné son verdict.
- Pour ça j’aurais peut-être dû paraitre devant lui non ?
- Il y aura surement un petit évènement pour mettre en scène votre jugement mais vous n’y serez pas.
Je me redressais, hébétée.
- Comment ça ?
- Eh bien… Quand ce sont des accusations aussi graves telles que traitrise ou mis en danger du personnel de la cité, la peine est souvent la mort…
Elle disait vrai, je le savais pour avoir quand même suivit quelques cours de droits.
- vous voulez éviter une rébellion ou que je mette un coup de poing dans votre face d’ange ? Murmurai-je, énervée.
- Pardon ?
- J’ai le droit de passer devant une cour.
- Ok. Vous voulez mourir c’est bien ça ?
- On verra bien, rien ne me dit que vous dites vrai. Ils peuvent être clément…
- Ne comptez pas sur vos amis pour vous aider. De plus cela c’est toujours passé ainsi. Les criminels ne comparaissent pas devant un tribunal. On leur donne un choix et ils s’en contentent. Vous êtes maintenant vue comme une criminelle aillant aidé un autre criminel à s’évader, en êtes vous consciente ?
- oui mais…
- Laissez moi finir. Vous ne me faites peut être pas confiance mais quand bien même vous auriez raison pour l’innocence de cet « Erik », pour cette cité vous êtes juste quelqu’un qui a mal tourné.
Je finis par accepter cette idée et m’enfouis contre le dossier de la chaise.
- vous me proposez quoi alors ?
La rousse soupira, visiblement rassurée que j’accepte… enfin ça dépendait de quoi.
- Aider un traitre à s’échapper c’est le bannissement. Ne pas avoir aidé les autorités, c’est la prison à vie.
- Mais !
Elle me fit signe de me taire et en serrant les dents, je la laissais finir.
- Vous avez fait selon les accusations retenues contre vous ces deux crimes… Mais avec l’analyse du médecin sur l’hypnose, on retiendra certainement que vous étiez juste une adolescente un peu trop rebelle s’étant mise dans le pétrin. Mis à part avoir « voulu » et aidé au début le criminel à s’enfuir, vous ne seriez pas jugée coupable d’y être parvenue, ce qui fait une différence… Vous allez donc prendre 10ans et être bannie à jamais de la Terre.
- Je vous demande pardon ?
- passer devant le tribunal ne fera qu’augmenter le nombre d’années passer en prison.
- Bannie !?
Mme Forth reposa son dossier et m’observa, semblant commencer à s’impatienter.
- vous vous attendiez à quoi ? Quand bien même vous avez été victime d’une manipulation à la fin c’est vous qu’on doit juger dans une semaine et pas les supérieurs de cette cité ! Alors oui vos problèmes avec les gardes et votre jugement pourraient faire du brouhaha, mais cela ne serait jugé que lors d’un autre jugement et encore, s’il y en avait un. En attendant au tribunal… Souffla-t-elle, visiblement calmée. Soit vous prendrez plus que 10ans, soit ils vous condamneront tout de même à la peine capitale… Et toute les deux nous voulons éviter ça n’est-ce pas ?
J’avouais que si l’idée d’aider cette garce m’horrifiait, l’idée de mourir était bien pire. Je restais silencieuse en regardant mes genoux avant de murmurer.
- 10ans en prison sur Terre puis on me jette dehors c’est ça ?
Elle rit.
- Non, surement pas non… On ne vas pas laisser une criminelle dans une cité voyons ! Si encore on vous gardait en garde à vue mais là… Non vous allez être sur mars pendant ce laps de temps.
- on a des prisons ici ! Et vous n’avez pas le droit de m’envoyez là bas sans leur accord.
- On a ce droit. Les habitants de mars pensent peut être le contraire mais ils restent quand même notre colonie.
- Génial… une conservatrice.
- Plait-il ? S’exclama-t-elle. Nous avons des prisons là bas et elles sont encore sous nos ordres je vous signale. Maintenant ne me manquez pas de respect !
- En aucun cas.
Je n’avais maintenant aucune raison de la respecter mais bon.
- Et puis ce n’est pas ce que vous vouliez non ? Partir d’ici ?
- Mais je n’ai pas envie de passer ma jeunesse en taule moi !
- Eh bien il fallait y penser avant !
Cette réponse me fit l’effet d’un glaçon coulant le long de ma colonne et me figea.
- Alors ? Mars ou le tribunal ? Demanda-t-elle, de nouveau calmée. Décidément elle appréciait les coups de théâtre.
Je soupirais et ne réfléchis pas longtemps, sachant que de toute manière cette peste s’arrangerait certainement pour me faire endurer pire si je refusais son offre : je lui connaissais maintenant une position assez élevée dans la société terrestre pour ça.
- Mars.
Son regard de félin se repaissant d’une proie à ma réponse ne fit alors que me rembrunir davantage.
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